Portrait d’une motarde exceptionnelle
Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant Bessie Stringfield est une des plus grandes figures motardes des USA. Portrait d’une femme au parcours atypique:
Selon sa légende, Bessie Stringfield nait en 1911 en Jamaïque avant d’immigrer aux Usa, très vite orpheline, elle possédera sa première moto à l’âge de 16 ans, une Indian Scout de 1928 qu’elle prendra à conduire seule en autodidacte. Puis, à l’âge de 19 ans, elle décide de tailler la route à travers les USA, prenant l’habitude de lancer un penny sur une carte pour décider de sa prochaine destination.
Pendant 10 ans, Bessie traversera pas moins de 48 états, une prouesse pour une époque où le racisme et le sexisme font loi ! Elle devra ainsi souvent être hébergée chez des afro américains locaux ou bien dormir sur sa moto dans des stations service, l’accès aux motels lui étant refusé. Sans peurs, elle traversera même les états du Sud, où la ségrégation fait encore rage (surtout dans les années 30-40 !)et finira même par voyager au Brésil, en Haïti et en Europe.
Il faut tout même savoir que l’American Motorcycle Association qui fut fondée en 1924 n’ouvrira ses portes aux afro-américain qu’en 1950 (et là encore la grande majorité de ses membres seront des hommes).
Pour gagner sa vie au cours de ses voyages, elle effectue des cascades à moto pendant les parades, démonstrations ou festivals déjà très populaires aux USA. Elle tentera également de participer à des courses sur pistes mais les courses étaient interdites aux femmes. Elle se fera donc passer pour un homme, se démarquant le plus souvent de ses concurrents et se faisait systématiquement refuser son prix au moment où elle enlevait son casque, relevant ainsi son sexe…
Pendant la seconde guerre mondiale, Bessie intègre l’US Army. Ses aptitudes au guidon feront d’elle l’un des meilleurs messagers, transportant le courrier confidentiel entre les différentes bases militaires du pays. Ce qui lui fera à nouveau traverser le pays pas moins de 8 fois (et il ne faut pas oublier qu’à l’époque les routes étant en beaucoup moins bon état et moins bien éclairé également) au guidon d’une Harley-Davidson Knucklehead à laquelle elle avait attaché un emblème militaire… Elle sera bien sûr la seule femme de son unité.
Dans les années 50, elle s’installe à Miami et devient infirmière. Là encore, elle ne lâchera pas la moto malgré le fait qu’elle se fasse régulièrement arrêtée et harcelée par la police locale. Elle tentera bien de passer son permis de conduire, mais elle s’entend dire à ce moment-là que « les femmes noires ne sont pas autorisées à conduire des motos ». Elle arrivera finalement par convaincre le capitaine de Police, lors d’une démonstration de ses prouesses dans un parc voisin, et ne sera plus importunée. Elle fondera le Iron Horse Motorcycle club et gagnera le surnom de The Motorcycle Queen of Miami.
Elle possédera pas moins de 27 motos et roulera jusqu’à sa mort en 1993 à l’âge de 82 ans (suite à des problèmes cardiaques).
En 2000, l’AMA (American Motorcycle Association) crée le prix « Bessie Stringfield Memorial Award » pour honorer les femmes leaders dans le monde de la moto, et en 2002, elle est intronisée à titre posthume au Motorcycle Hall of Fame (à Pickerington, Ohio). Elle avait déjà été honoré en 1990 par l’AMA au cours de l’exposition inaugurale « Heroes of Harley-Davidson », car elle avait possédé 27 de leurs motos.
Une femme qui se délectait de sa liberté que rien ne pouvait empêcher de vivre la vie sur la route qu’elle était censée avoir. N’écoutant que son envie de conduire et qui la mènera finalement à recevoir la reconnaissance des plus grands.